Donc le Patrimoine ne peut exister que si on lui accorde une valeur.
Et pour aller très vite sur le théorique, après nous passerons tout de suite aux exemples.
Cette valeur peut présenter une dimension
- spirituelle : la Contemplation,
- culturelle : l’Histoire, l’Art, L’Architecture, Les Savoir-faire,
- matérielle : Les Loisirs et L’économie.
A la simple énumération de ces termes,
on sent bien que le Patrimoine est un phénomène complexe.
A ce niveau on peut penser qu’on tient là un critère solide, incontestable et bien, pas du tout.
l’exemple le plus récent et le plus frappant est celui de Palmyre.
Le groupe armé Daech qui occupe la ville de Palmyre en Syrie a procédé, il y a quelques jours,
à la destruction d’un certain nombre d’édifices antiques, notamment :
- le plus gracieux du site qu’était le Temple de Baalshamin,
- le Temple de Baal reconnu comme le plus beau du Moyen-Orient avec celui de Baalbek au Liban
- 7 tombes qui se présentaient sous la forme de tours funéraires.
Comprenons bien qu’il ne s’agit pas de destructions stratégiques au sens militaire
comme cela se pratique durant les guerres pour les ponts ou les voies ferrées
mais d’un parti pris culturel.
En effet
le Temple de Baal était dédié au Dieu mésopotamien,
les tours funéraires avaient été construites par de riches familles de l’antique Palmyre
symbole de l’essor économique de la ville durant les premiers siècles après Jésus Christ.
Une visée culturelle donc,
mais aussi un esprit de lucre, ces destructions donnent également lieu à d’importants pillages, qui viennent nourrir un marché de contrebande fort rentable.
Le cas de Bruges apporte d’autres enseignements.
En Belgique, Bruges est une petite ville moyenne de 116 000 habitants.
Le quartier historique dont nous allons parler en comporte à peine 20 000.
La prise de conscience de l’intérêt de cette architecture médiévale gothique est due
à une colonie d’aristocrates anglais qui influencèrent la vie culturelle
et suscitèrent l’intérêt pour le Patrimoine artistique de la ville.
Mais, à la fin du XIXe siècle c’était l’une des cités les plus pauvres de Belgique,
dénommée «Bruges-la-morte ».
Jusqu’en 1970 le paysage urbain est totalement délabré,
les plus riches fuient le Centre Ville, les autorités municipales laissent filer la situation.
Mais à ce moment là est créé un service de conservation et de rénovation urbaine
et parallèlement fût envisagé le développement du tourisme
Aujourd’hui le succès est énorme puisque la cité flamande accueille 5 millions de visiteurs particulièrement provoqué par l’inscription, relativement récente en 2000, du quartier historique au Patrimoine de l’Humanité.
Transportons-nous en France et au XIXe siècle.
En 1840 le député Charles de MONTALEMBERT, en déplacement en bourgogne, trouve des ouvriers en train de démolir la façade d’une Basilique.
Devant sa stupéfaction ces ouvriers lui dirent
«Ce qui restera sera bien suffisant pour les habitants de la commune. »
MONTALEMBERT, en tant que membre du Comité des Monuments Historiques,
fit immédiatement arrêter le chantier.
Trois ans plus tard Prosper MERIMEE
pourra confier à un tout jeune homme la tâche écrasante de restaurer l’édifice :
Il s’agissait de la Basilique Saint Marie Madeleine de VEZELAY.
Quant à l’architecte son nom était Eugène VIOLET-LE-DUC.
VEZELAY, dite « La Colline inspirée » a été inscrite au Patrimoine de l’humanité en 1979, elle est le phare touristique de l’Yonne et reçoit 900 000 visiteurs par an.