La Nuit
des Eglises

4.Louis IX

Au début du XIIIe siècle,
Paris était dépourvu d’une relique à laquelle la ville se serait vraiment identifiée, comme c’était le cas à Rome avec le voile de Véronique, ou à Constantinople avec le Mandilion.

La supériorité de la Couronne d’épines était due au fait qu’il était encore possible, en 1239, de la proposer toute entière à un éventuel acquéreur, à la différence de la Croix, dont on savait que tant de fragments avaient été distribués depuis l’époque du Patriarche Cyrille.
C’est pourquoi Louis IX décida de racheter la Couronne d’épine à des hommes d’affaires vénitiens auprès desquels le dernier empereur latin de Constantinople, BAUDOUIN II, perdu de dettes, l’avait mis en gage.

La question de l’authenticité de la relique était considérée comme capitale.
Il est frappant de voir avec quel soin sont apposés les sceaux soit à Constantinople d’où la relique est partie, soit à Venise où elle est gardée en gage.

Et, lorsqu’elle arrive finalement en territoire royal, à Villeneuve, on procède à la reconnaissance des sceaux, des lettres et des documents qui accompagnent la relique avant de la sortir de son reliquaire.
L’envoyé de Louis IX a été choisi parce qu’il avait vu plusieurs fois la relique à Constantinople et pouvait donc la reconnaître.
Autrement, on ne pourrait pas expliquer les dépenses considérables faites pour l’acquisition de la Couronne d’épines. Louis l’a payé 135 000 livres tournois, soit un peu plus de la moitié du revenu annuel du domaine royal.

Lorsque le 10 août 1239, à Sens, le Roi accueille avec grand respect l’Insigne Relique.
Il adresse au doyen et chapitre du Puy une de ses épines :
« le jour même où nous avons reçu la sacro-sainte Couronne ».

A partir de là le destin de la Couronne et de cette épine se détache.

Pour la Couronne, rappelons rapidement que Saint Louis lui fit construire la Sainte Chapelle, dont le montant des travaux s’éleva à 40 000 livres tournois, soit trois fois moins que le prix de la Couronne elle-même.

La Sainte Chapelle accueillait de nombreuses célébrations, on y priait en ces termes :
« Heureuse épine qui a fait couler le sang qui guérit le peuple, bien heureuse épine qui couronne le Roi de gloire ».
Saint Louis avait coutume d’y passer des nuits de veilles et de prières.

L’importance, tant matériel que spirituel, accordé à la Sainte Couronne n’est pas seulement française, mais européenne.
Au XIVe siècle, le Sauveur du monde apparaît à Catherine de SIENNE.
Il s’en suit un saisissant dialogue : le Seigneur offre à « sa très chère fille » de choisir dans quel ordre elle préfère recevoir la Couronne d’épines et la Couronne d’or.
Le tableau et le texte ici présents relatent fidèlement cet épisode.

5.Du Puy-en-Velay à Saint-Etienne

Au Puy-en-Velay l’épine, conservée dans le trésor de la Cathédrale, est exposée à l’adoration des fidèles, d’abord dans un reliquaire d’argent, puis après mars 1475 dans un vase de cristal au piédestal d’or, donné par le Roi Louis XI.

Au cours de la révolution, le trésor Cathédral est divisé, et le 23 novembre 1792, obéissant au décret ordonnant l’envoi aux Hôtels de monnaies des ustensiles d’or et d’argent employés au culte, le reliquaire est vidé de son contenu et fondu.

La relique est alors retenue, ou rachetée, par un ex-dominicain, le vicaire épiscopal BORIE.
Ce prêtre préposé à la sacristie de l’église constitutionnelle Ponote, la sauve ainsi que la lettre du Roi Louis IX et les vidimus certifiant l’origine et l’authenticité, puis la préserve de l’incendie de 1793.

Or BORIE chassé du Puy par les évènements vient à Saint-Etienne vers 1798, en tant que
Vicaire général de la Paroisse Notre Dame.
Lorsqu’il quitte Saint-Etienne, en 1805, il lui abandonne la relique, ainsi que les documents qui l’accompagnaient.

Le clergé de Notre Dame de Saint-Etienne accepta alors le don.

Le 6 septembre 1805 son curé fût autorisé à ériger la confrérie des Cinq-plaies qui conservait la relique et à fixer une fête en son honneur.

Ces reliques étaient alors conservées dans une custode provisoire devant faire place, sous le second empire, au magnifique reliquaire actuel réalisé par l’orfèvre Armand CALLIAT, de Lyon.

Depuis 2002 la relique a été déposée de la Chapelle de l’église Notre Dame et n’était plus visible.
La ville de Saint-Etienne a alors proposé que soit réalisée une nouvelle présentation de la Sainte-Epine.

Avec l’aide scientifique et financière de la Direction Régionale des Affaires Culturelles une vitrine forte a été tout spécialement conçue pour abriter le reliquaire.

Après avoir examiné plusieurs hypothèses d’implantation,
les critères précis définis par le Conservateur des Objets d’Arts et Antiquités de la Loire ont conduit au choix de la Chapelle du Magnificat de l’église Sainte Marie.

Et nous voilà à l’église Sainte Marie.
Et nous voilà au cœur de ce site de la Visitation,
et voilà sa communauté de laïques, toute penaude de l’honneur de côtoyer cette Insigne Relique.
Oh ! Oh bien sûr, il est toujours possible d’approfondir son histoire, de mieux décrire l’art de son reliquaire.
Mais le sens, n’est-ce pas là l’essentiel le sens ? Comment le comprendre et plus encore en vivre ?