Toile peinte

"La délivrance de Saint-Pierre par l'ange"

de Jean-Marie FAVERJON


Textes

Monseigneur LEBRUN ordonné évêque de Saint-Etienne en 2006 a choisi comme devise : « Je vous appelle mes amis » Jean, 15,15.
C’est bien comme à des amis qu’il s’adresse chaque semaine aux auditeurs de RCF dans une chronique savoureuse. Il nous invite à changer notre regard sur tout les « petits » évènements de nos vies.

Monseigneur Dominique LEBRUN
« La prison vide, notre espérance »

Dimanche de Pâques, j'ai fait un demi-rêve, demi car je crois que j'étais réveillé ! J'ai rêvé que j'arrivais à la prison de la Talaudière et qu'elle était vide !
Une prison vide, un rêve ? Certains d'entre vous pensent peut-être qu'il faudrait appeler cela un cauchemar. Car une prison vide, cela veut dire beaucoup de méchanceté dehors ! Et nous avons peur...

En fait, je suis bien allé à la prison le matin de Pâques et la prison n'était pas vide.
Il ne manquait ni la directrice adjointe, ni les surveillants, ni les cuisiniers, ni les aumôniers et leur équipe, ni... les prisonniers bien sûr !
Nous étions une bonne cinquantaine à la messe du matin de Pâques, dans la prison. Quand j'ai dit aux prisonniers mon rêve de trouver la prison vide, l'un d'entre eux a commenté :
« L'évêque, il faut qu'il arrête le chichon ». En d'autres termes, qu'il arrête le cannabis !

La prison vide, un rêve ? Vide... dites-moi, le tombeau qui retenait prisonnier le corps de Jésus, ils l'ont bien trouvé vide ! Qu'est-ce qui est le plus incroyable : que le tombeau qui retenait le crucifié soit vide ou que les prisons qui retiennent des prévenus ou des condamnés, des personnes humaines, soient vides ?

Pour moi l'un implique l'autre. Parce que le tombeau de Jésus est devenu vide, nos prisons, un jour, le seront. Jésus est venu pour annoncer la libération des prisonniers, a-t-il dit en citant le prophète Isaïe. Notre foi serait-elle vaine, au lendemain de Pâques ?
À vrai dire, le tombeau n'était pas tout à fait vide. Le linceul, ce linge qui entoure les morts, est encore là. La mort est encore présente. Mais elle n'a plus le dernier mot.
C'est ainsi dans nos vies, dans nos villages, dans nos villes. C'est ainsi en prison.
Le mal n'a pas le dernier mot. Le jour de Pâques, je suis entré dans la prison comme on entre dans un tombeau. Mais je n'y ai pas trouvé la mort. J'y ai trouvé la vie, j'y ai respiré l'air de la résurrection.
Tenez, ce prisonnier fier de me dire qu'il s'entend bien avec son co-détenu dans 9 m2... Si ce n'est pas un peu ça la résurrection !

Ces Russes, Roumains et Bulgares qui chantent Alléluia avec des Chiliens, des Espagnols et des Français... Si ce n'est pas un peu ça la résurrection !
Ces hommes qui m'ont offert un magnifique dessin du Christ brisant ses chaînes et qui, quelques minutes plus tard, regagnent leur cellule avec la force de me souhaiter en souriant, droit dans les yeux, une bonne fête de Pâques... Si ce n'est pas un peu ça la résurrection !

Ce matin-là, j'ai trouvé la prison vide, vide du mal et de la mort.
Alors la prison vide ? Ni cauchemar, ni rêve mais notre espérance.
Une espérance folle, digne de la résurrection !